Mon cher ami Philippe Beaudoin a lancé une conversation sur l'attrait des leaders bad boy dans la communauté entrepreneuriale. Il suggère que l'attitude intimidante et baveuse de ces leaders est une stratégie qui ne peut être autrement que délibérée: les gens gentils sont heureux et génèrent le bonheur autour d'eux, surement d'aucun qui choisirait s'en passer le fait avec intention. Cette intention manifeste vraisemblablement que ce leader a un plan bien fait, élaboré et détaillé, suffusant confiance et charisme à son approche.
Mais je ne vois pas les choses comme ça du tout.
[...] J'ai connu des leaders d'entreprise honnête, gentils, intègres et inspirants. Quand ils ont réussi, ils l'ont fait en collaboration avec des gens dans un réseau d'entraide mutuelle et de coopération commerciale. Il y a un peu d'engueulade des fois, il y a des conflits, mais ces leaders en grandissent d'une manière ou d'une autre. Leur réussite est admirée, et le facteur de croissance de leur capital après des dizaines d'années d'efforts se compte entre 10 et 100.
Qui est capable d'aller chercher un facteur de croissance plus grand ou plus vite? Les exploiteurs. Les avares. Les tricheurs. Les crosseurs (non, autocorrect, pas croiseurs). Le risque est plus grand. S'ils réussissent vraiment, ils font écrire l'histoire à leur avantage, jetant une ombre épaisse sur les épaves, les désastres, le malheur qu'a couté leur réussite. Leur croissance vient du vol et de l'accumulation d'une richesse existante multipliée parfois par une innovation ou une création de valeur. C'est ça, l'attrait du méchant: un plan simple, contraint par des risques grands mais clairs mitigés sans compromis ni scrupule, exécuté avec une intention et une force détachées du souci moral et de tout autre but que le sien propre. C'est comme ca qu'on peut faire mieux que 100x. Si quelqu'un te promet >100x, tu peux t'attendre à ce que plusieurs souffrent de sa réussite. Et la liberté de mouvement qui vient avec l'amoralité semble enivrante et séduisante pour qui ne voit pas cette souffrance.
Mes nombres sont probablement trop conservateurs, mais je suis formellement convaincu de l'équivalence mathématique entre le leadership amoral et la réussite fantasmagorique. Si un leader atteint une réussite entrepreneuriale incroyable, un groupe important de gens s'en trouve dépouillé, en surplus de ceux affectés par la destruction créatrice inhérente à l'innovation. Si quelqu'un désire pousser la croissance d'un capital au-delà d'un certain seuil, ou sur une période plus courte qu'un certain seuil, son ambition passera nécessairement par l'exploitation.
My great friend Philippe Beaudoin started a conversation on the pull of bad boy leaders in the entrepreneurship community. He suggests that an intimidating and cocky attitude is a necessarily deliberate strategy: kind folks are happy and spread happiness around themselves, surely somebody eschewing kindness does so with an intent. This intent manifests that this leader has a solid plan, elaborate and detailed, suffusing trust and charisma to their pitch.
I see things very differently. Translating from my French take:
[...] I've known enterprise leaders who were honest, kind, upright and inspiring. When they succeed, they do so in collaboration with a strong network of mutual assistance and commercial cooperation. There is some fighting, there are conflicts, but these leaders come out of those learned some way or another. Their success is admired, and the growth factor of their capital ranges between 10x and 100x.
Who can get better growth than 100x? Exploiters. The greedy. Cheaters. Conmen. The risk is greater. If they truly succeed, they get to have history written to their advantage, throwing a thick shade on the wrecks, the disasters, the grief their success has cost [others]. Their growth comes from robbing and accumulating an existing wealth that sometimes gets multiplied by some innovation or value creation. This is the draw of the bad guy: a simple plan, constrained by great risks mitigated without compromise nor scruple, executed with an intent and a cunning detached from any moral concern and of any goal but their own. This is how you get more than 100x. If somebody promises you >100x, you can expect that many will suffer from their success. And the freedom of action that comes with amorality looks inebriating and attractive to whom remains blind to the suffering.
My numbers may be too conservative, but I am strongly convinced of the equivalence between amoral leadership and fantastic success. If a leader grows the value of a business to an incredible level, a large group of people gets depleted for it, in addition to all affected by the creative destruction inherent to the innovation. If somebody desires to push the growth of a capital beyond a certain threshold, or under a certain timeframe, their ambition will inevitably require exploitation.