Lecture pour le week-end: 21 juin 2013
par Benoit, 2013-06-21

Cette semaine, des textes sur les choses qui comptent en programmation, l’équilibre du pouvoir en regard d’Internet et comment trouver des idées de projet à développer et battre l’angoisse de la page blanche.

Organizational skills beat algorithmic wizardry

Ce papier intéressant de James Hague souligne efficacement les compétences quotidiennes désirées chez les programmeurs en entreprise: l’organisation. Le code doit être partagé et lu par plusieurs, donc proprement organisé en classes et fonctions bien foutues. Les flux de données doivent être compris aisément, donc organisés simplement et systématiquement. En tant que type qui a dû procéder récemment à plusieurs entrevues, je pense que pour plusieurs postes de développeur logiciel, on exagère l’importance des compétences de résolution de problème et d’algorithmique, au détriment des compétences d’ordre, d’organisation et de communication.

From “sit still” to “scratch you own itch”

Je me suis longtemps senti coupable de n’avoir aucun “grand projet” de développement logiciel en dehors de mon travail rémunéré (ou avant, de ma recherche académique). Au-delà du fait que développer prend du temps (les papas de jeunes enfants n’en ont pas beaucoup), j’attendais de trouver une “grande idée,” quelque chose qui vaille la peine que j’y consacre ce précieux temps. La lecture de cet article de Sumana Harihareswara est à la fois apaisante et séminale: la grande idée vient si on commence par la mise en oeuvre de petites idées. Ces petites idées n’ont pas besoin d’être super originales, d’ailleurs – juste assez amusantes et intéressantes pour qu’elles soient dignes qu’on leur consacre le dit précieux temps.

Power and the Internet

Un essai de Bruce Schneier déprimant, mais important. Sa rédaction montre que le scandale du programme Prism n’est que la cristallisation d’un processus mis en branle depuis plusieurs années: l’accumulation d’informations personnelles dans des buts de surveillance systématique.

Le texte comporte deux points qui me chatouillent particulièrement. D’une part, une grande part de l’information glanée dans le cadre de tels programmes de surveillance ne provient même pas de fuite, ni même de l’exploitation de vulnérabilités logicielles: les gens ont mis cette information en ligne de leur plein gré. Je veux bien prendre garde à l’encryption et à la sécurité dans mes programmes, mais c’est complètement inutile si l’information ainsi protégée est rendue publique (ou à toute fin pratique publique) sur un autre canal.

D’autre part, Schneier souligne comment la régulation de cette pratique d’accumulation de l’information est un point contentieux. Les nations, les entreprises et les groupes qui ont le pouvoir d’affecter le développement d’Internet désirent l’intimité pour eux et, souvent, la transparence pour les autres. À mon avis, le schéma de gouvernance actuel d’Internet mènera à des conflits qui seront résolus par la balkanisation du réseau global, un processus déjà largement entamé (e.g. nations filtrant le traffic de données). Seule une collaboration invraisemblable des acteurs en jeu pourrait mener à l’évolution vers un Internet universel, ouvert et sécure. L’espoir demeure-t-il permis si le futur d’Internet est élevé en enjeu électoral? Mon optimisme me garde en vie, apparemment.

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