La saga de mon potager 2013
par Benoit, 2013-09-17

Au printemps, je me suis lancé le défi de construire, planter et récolter un petit potager expérimental. Au terme de la saison, je suis fier et heureux des résultats. Voici le récit de mon expérience.

Une expérience de jardinage en carrés

Je souligne que d’emblée, le projet a été déclaré une expérience: étudier ma capacité à faire pousser quelques légumes sur mon terrain. Est-ce compliqué? coûteux? exigeant? J’étais curieux, avant tout.

Pour démarrer le projet, j’ai été généreusement assisté par ma merveilleuse tante Lucille. Elle s’est tapée des recherches méticuleuses et m’a déniché des guides détaillés pour plusieurs approches de jardinage. J’ai opté pour le jardinage en carré (square-foot gardening), une approche qui semblait procurer un bon rendement pour un espace de potager restreint. Il s’agit de diviser l’espace potager en une grille de cases carrées d’un pied de côté, chaque case étant consacrée à une espèce choisie. Le guide indique le nombre de plants qu’on peut prévoir dans la case, qui dépend de l’espèce — par exemple, on peut planter 16 carottes dans une case, ou bien neuf plants de haricots, ou encore deux plants de concombre.

La boîte

J’ai donc construit une boîte de six par quatre pieds, que j’ai délimité à l’aide de planches de bois traité. Comme le sol de mon terrain est riche en glaise, j’ai décidé de remplacer la terre dans la boîte par un bon mélange de terre à jardin et de compost. J’ai donc retiré environ 12 pouces de sol natif — c’est beaucoup de travail!

La boîte, 6' x 4'.

J’ai ensuite délimité les cases avec de la ficelle, donnant 24 cases à planter. J’ai décidé d’aller avec des espèces faciles, que mes parents faisaient pousser sans difficulté quand j’étais enfant. J’ai donc transplanté un plant de tomate italienne acheté au Marché Public de Drummondville, ainsi que quelques herbes fines: basilic, origan, romarin et thym.

Division des cases avec premières espèces: tomates et fines herbes.

Les semences

J’ai aussi semé une case de laitue romaine, cinq cases de carottes, cinq cases de betteraves, cinq cases de haricots verts et jaunes, quatre cases de concombres, ainsi qu’une case de pois sucrés. Utilisant les temps de croissance recherchés par Lucille, j’ai soigneusement planifié les dates de semence de manière à prolonger la durée de la récolte et à éviter que tout soit prêt à récolter en même temps.

Je ne suis pas tout à fait convaincu du succès de cette approche de retardement des semailles. Par exemple, j’ai l’impression que la floraison des premiers haricots a provoqué celle des derniers poussés, qui n’étaient alors pas du tout matures. J’ai l’impression que la même chose à affecté les concombres. Par conséquent, je n’ai pas vraiment réussi à obtenir de petites récoltes durant plusieurs semaines d’août et septembre: j’ai plutôt eu beaucoup de haricots et concombres durant 2-3 semaines — exactement comme si j’avais tout semé dès le début.

J’ai aussi surestimé la durée de la période de croissance: j’avais estimé avoir du beau temps jusqu’au 21 septembre, avec un premier gel au sol au début d’octobre. Malheureusement, j’ai du sale temps depuis déjà deux semaines, et mon gel au sol est arrivé dans la nuit du 16 au 17 septembre. Cela affecte significativement ma récolte de carottes: le dernier carré planté n’arrivera probablement jamais à maturité. Il me faudra planifier différemment l’année prochaine, m’appuyant moins sur la clémence de la fin de l’été.

La clôture

Comme une marmotte loue un grand loft en dessous de ma remise (elle est en défaut de loyer depuis plus de 2 ans — la Régie du Logement se traîne totalement les pieds), et comme elle reçoit régulièrement la visite de courtoisie d’un lapin sauvage, il était impératif de protéger mon potager. J’ai donc fabriqué des clôtures amovibles de 18 pouces de hauteur.

Clôture fermée.

La clôture fermée.

Clôture ouverte.

Deux barrières de la clôtures retirées.

J’étais convaincu d’être dénué de talent en bricolage, mais non! Je suis très fier de ces petites barrières, qui ont effectivement tenu les rongeurs en échec.

La récolte

Je suis encore absolument stupéfait de la quantité de légumes que ce petit trou a produit! J’ai eu de délicieuses laitues en juillet, ainsi que quelques petites betteraves au début d’août. Puis à la mi-août, l’avalanche de haricots a débuté. Les concombres sont similairement généreux, et les tomates encore plus — pourvu que le gel ne les gêne pas, j’aurai des tomates jusqu’en octobre.

Haricots et concombres.

Un petit échantillon des haricots et des concombres.

Tomates.

Des tomates, des tomates, et encore des tomates.

Les racines ne m’ont pas autant réussi: les carottes sont belles mais plutôt menues et les betteraves ont été carrément minables. D’une part, je n’ai pas été très constant avec l’arrosage, et malgré que l’été nous a apporté plusieurs averses, nous n’avons pas eu de jour de pluie entier entre juin et la mi-août. D’autre part, les pauvres betteraves étaient coincées entre les carottes et les haricots, tous deux fort végétatifs. Je crois donc que les betteraves ont aussi manqué de soleil. Il me faudra donc mieux tenir compte des tailles des plants dans ma planification de l’année prochaine, évitant ce genre de compétition entre les espèces.

Finalement, je jubile d’une petite gaffe devenue bénédiction. Les haricots étant des légumes qui aiment se cacher, j’ai oublié quelques fèves sur le plant. Ces dernières ont grossi, grossi et se sont rendues au point où les fèves séchaient et se décomposaient. Je pensais jeter ces haricots lorsque je les ai trouvés, mais par curiosité j’ai ouvert l’une des fèves endommagées. J’ai découvert ceci:

Des haricots à semer.

Pour l’année prochaine…

Les haricots à l’intérieur étaient gros et complètement matures, et ressemblaient parfaitement aux semences mises en terre au mois de juin. Je pourrais donc semer ces haricots plutôt que de racheter des semences! Je suis extraordinairement fier d’avoir ainsi bouclé la boucle: mon opération jardinage est durable et autonome (du moins, pour les haricots).

Conclusion

Du début à la fin, cette expérience a été excitante, étonnante et enrichissante. Je suis heureux en particulier d’avoir osé, d’avoir relevé le défi de jardiner sans savoir m’y prendre auparavant. J’ai osé bricoler, planter, essayer, adapter les plans recherchés et j’ai tout fait moi-même, à mon goût, à ma manière. Ce processus s’est réalisé en pleine maîtrise de mon anxiété, me donnant donc des outils concrets pour faire face à certaines des inquiétudes qui me viendront me hanter cet hiver.

Le potager se révèle en fait une telle réussite que ma super épouse est maintenant convaincue qu’il s’agit d’un bel aménagement de notre petit terrain. L’année prochaine, nous agrandissons donc l’espace potager! Je n’ai pas très hâte au creusage, par contre.

Commentaires